POUR UNE PASTORALE DU TOURISME ET DES LOISIRS…
Il existe à la Conférence des Evêques de France, un « Service National de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs ». Mais pas dans notre diocèse…Lorsque j’en ai parlé, j’ai rencontré beaucoup d’ironie, de scepticisme et même de ricanements : «Chez nous, il n’y a rien »… « On n’a que des briques et des terrils à montrer »….Bref, bien des gens d’ici ont intégré le mépris dont la capitale accable Nord. Mais pour qui connaît et aime notre région, que de richesses et de fiertés !
Ils savent combien les paysages et les chemins de l’Avesnois respirent la paix et la fraîcheur. Ils connaissent les architectures modestes ou prestigieuses de nos églises, maisons et châteaux. Ils se laissent enchanter par les chœurs, harmonies et orchestres qui réunissent des centaines de mélomanes. Ils savent même peut-être que les notes de musique ont été inventées au IXème siècle par le moine Hucbald de St Amand. Et que tous les grands maîtres de musique de la Renaissance étaient originaires du Hainaut.
Mais le patrimoine, naturel, architectural, artistique, c’est aussi l’âme, le souffle du peuple enraciné dans un pays. Voyez les émotions qui parcourent villages et quartiers quand un lieu de culte doit être abandonné. Il y a là une question d’identité.
Le patrimoine, en grande partie religieux, est aussi un lieu où l’on touche à l’ailleurs. C’est presque une thérapie dans la société en perpétuelle ébullition, en pression constante, où nous vivons. C’est un espace de rencontre avec le monde que nous rêvons. Croyants ou non, là on ressent l’appel de la beauté, d’un sens à notre existence. De la poésie de la vie.
Notre patrimoine est largement façonné par la civilisation chrétienne : églises, chapelles, château, croix et calvaires, cimetières. Nos sépultures militaires sont visitées par des familles venues du monde entier. Le centenaire de la Grande Guerre en a fait de véritables rendez-vous européens et intercontinentaux. Naturellement, c’est la paix et la fraternité qui se respirent en ces lieux. Tout cela fait de nos monuments et de nos oeuvres d’art des occasions de catéchèse.
L’objectif de la Pastorale du Tourisme est d’abord l’accueil des personnes qui fréquentent nos espaces remarquables. Nombre de visiteurs ignorent les fondamentaux de la foi chrétienne. Ils cherchent « quelque chose ». Nos représentations les intriguent, ils demandent à savoir. Un accompagnement de leur curiosité apparaît une belle occasion. « Eglises Ouvertes » est un dispositif venu de Belgique, qui prévoit l’ouverture des églises quelques jours durant la semaine, un document mettant en valeur les objets et monuments intéressants ; si possible une présence humaine, et une explication des objets et œuvres d’art visibles dans le bâtiment. Quelques communes ont déjà adhéré : ainsi, Beugnies, Haspres.
Il s’agit aussi de redonner aux habitants la fierté de leur patrimoine, de leur commune, de retrouver leur histoire, de se mobiliser ensemble pour embellir leur territoire. Bien des rénovations de chapelles ou calvaires ont permis de reconstituer des solidarités assoupies. Les chemins de randonnée, St Jacques de Compostelle, ou petites randonnées par les chemins ruraux deviennent des lieux de retour sur soi, de méditation et de prière. Dans le grand chari-vari des idées et des illusions, s’organiser pour offrir un espace de catéchèse première, de fierté, de redécouverte des racines, de respect pour l’art, le savoir-faire et la beauté apparaît une initiative à laquelle tous, nous sommes conviés.
JMB, 20-11-2018.